vendredi 29 mai 2009

Confidences d'un Aspirinoman

J'ai froid. Il est 23 heures et j'ai toujours pas eu ma dose. Des frissons me parcourent l'échine et je sue à grosses gouttes. Mon pharmacien est en vacance, autant dire que je suis dans la merde. Le dernier Aspro c'était y'a trois heures. C'était le dernier de la boîte. Je l'ai pris trop vite, Trop mal. J'ai fait ça comme un puceau dans une pute du quartier rouge d'Amsterdam, et tout comme lui, je regrette après coup. Malgré tout j'ai pris un rush. Le précieux liquide chargé de fines bulles acides qui claquent sur ma langue, qui poursuit sa route dans mon œsophage pour tomber en cascade dans mon estomac. L'extase. Pendant 20 minutes, je sens que mon organisme est chamboulé. Le produit agit. Trentes minutes plus tard, j'ai plus mal au crâne. Recroquevillé en position foetale, je me blottis dans les coussins de mon canapé. Je renais.




Depuis j'ai pas bougé, et même si j'ai plus mal au crâne il m'en faut d'autre. L'effet s'est estompé depuis plus d'une heure maintenant. Il faut que j'aille vérifier dans ma pharmacie si il me reste pas du Nurofen, une bouteille de sirop, un mucomyst ou un exomuc. Merde il me faut un truc, n'importe quoi je tiens plus là.

Qu'est ce qui m'a pris de dépanner mon pote cet aprem, il m'en resterait encore un si j'avais pas joué le mec charitable. Ah et puis qu'il aille se faire niquer, à trois je me lève. Un, j'essaie d'oublier que mon corps est une glacière et que je suis plus humide qu'un tsunami. Deux, je me rassied. Trois je pose les pieds sur le sol et me redresse l'espace d'une seconde avant de m'effondrer comme une merde sur un carrelage encore plus froid que moi. Mes jambes ne peuvent plus supporter le poids de mon corps, les quatre mètres qui me séparent de ma salle de bain me semblent interminables. Putain ça sent l'aventure, j'ai l'impression de partir pour "Pékin Express". J'ai la gorge sèche. J'entame mon périple. Maladroitement et difficilement, je rampe et centimètres par centimètres, me rapproche du but. Au fur et à mesure que j'avance, ma vision ce trouble et je suffoque. Courage, plus qu'un mètre. Je vois passer une meute de cowboys asiatiques, ils me retardent:

- Mais Putain barrez vous enculés !!

J'arrive enfin sous mon lavabo. Au prix d'un ultime effort, je l'agrippe et m'en sers pour me redresser. Je suis à genoux, je peux pas faire mieux. C'est essoufflé et borgne - un indien m'a touché avec sa flèche. Enfoirés de peaux rouge ils peuvent pas rester dans leur réserve, ils sont obligés de venir chasser leurs connards de bisons dans mon living - que je marque une pause.

La pharmacie est en face de moi. Si j'avais été plus assidu au catéchisme j'aurai pu chanter un psaume, mais c'était pas le cas alors je m'abstiens et préfère conserver le peu de salive qui me reste pour survivre. J'ouvre la boîte de Pandore...malédiction, c'est vide. Ma salope de femme de ménage à encore du se gorger. Un violent spasme soulève mon estomac, je tombe à quatre pattes et vomis un abondant flot de bile dans la poubelle. BEUAAAAARRRRG (à peu près). Attends c'est quoi ça? Victoire! au milieu de mon vomi j'aperçois un sachet de Smecta. Fébrile, une bulle de bile au bout des lèvres, je le déchire et répand son contenu sur le lino. Putain j'ai plus de temps SNOOOORRT, je m'envoie tout dans les naseaux comme un gros porc. Un dernier hoquet accompagné d'un ultime petit renvoi de bile je me laisse tomber sur le côté. Un râle de contentement, je suis complètement stone. L'extase à nouveau, la boucle est bouclée, le jeu peut continuer.

Votre serviteur du bloc opératoire, Aspirinoman.

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VDM